Petit arrêt sur la sortie prochaine de l’album du canadien Jean Patrice Rémillard, alias Pheek, prévue pour la mi-avril. Fondateur du label Archipel, il est reconnu pour son approche originale de la minimal techno. C’est donc sur sa propre étiquette qu’il nous propose ces productions assez sombres et mystérieuses sous l’intitulé « Feux Follets ».

L’une des premières choses remarquables se trouve dans la durée des morceaux. Il faudrait peut-être même reconsidérer le terme pour ceux dépassant 18 minutes, et le remplacer par pièces. Non, ce n’est pas le format radio classique des 3 minutes 45. Ce ne sont pas 15 morceaux parmi lesquels on pourra choisir uniquement celui qui nous plaît un peu plus, mais « seulement » 6 oeuvres pour plus de 80 minutes d’escapades sonores.
Le titre résume parfaitement l’ambiance générale qui se retrouve tout au long de ce parcours énigmatique, détaillé, mental, méta-physique. Les feux follets seraient des entités translucides se déplaçant dans les airs, apparaissantes et disparaissantes, souvent dans des circonstances magiques et des lieux spécifiques. On retient surtout l’idée d’une expérience particulière à la vision de quelque chose qui frétille, en perpétuel mouvement, vaporeux, qui provoque le questionnement.

Si je devais peindre un tableau ou réaliser un scénario (dont les morceaux seraient la BO) pour exprimer les sensations retrouvées tout au long de l’écoute, ce pourrait être quelque chose du genre : seul dans une forêt (canadienne pardis), la nuit, ou au petit jour avec un léger brouillard, avec la faune évoluant tout autour, des gouttes qui ruissèlent, des moments d’actions et d’observations. Plus on rentre dans les morceaux, plus ressortent les détails de l’espace environnant. Mais au milieu de cet univers tout à fait commun pour Bear Grylls (Man vs Wild), apparaissent au loin ou juste à côté des phénomènes étranges, stables ou en mutations. Des sonorités percussives qui tranchent avec le background deep, des dizaines de petits sons qui circulent dans tous les sens… c’est vivant !
« Sortir de l’ombre » en est l’exemple idéal, c’est peut être le plus dynamique et rentre dedans des 6 morceaux, avec une deuxième partie plus mystique, éthérée.

Un album qui fonctionne parfaitement en écoute de salon, et qui, sur un gros système-son, retournera très certainement le cerveau de plus d’un.

Pykup