Le 4ème opus de Maybe Tomorrow, label fondé en 2012 par le canadien The Mole et son ami Jon Berry qui travaille pour Kompakt, sortait la semaine dernière. De son vrai nom Colin de la Plante, l’artiste originaire de Montréal s’est forgé un nom depuis les années 90. Avant tout un producteur talentueux, il a signé des EP sur des labels de renom comme Ostgut Ton, Perlon, Philpot, Wagon Repair ou encore Musique Risquée. Cet EP est un pur produit de collaboration, puisque The Mole est accompagné non pas d’un mais de deux autres amis-producteurs canadiens. Hreno, habitant désormais à Berlin, signe une énième collaboration avec The Mole, et Ernesto Ferreyra, producteur originaire d’Argentine depuis peu dans l’écurie Cadenza mais aussi chez Cynosure ou encore Crosstown Rebels.

« Best Buds Vol 1 » est composé d’une première face de 12 minutes signée par The Mole et Hreno et une autre de 26 minutes par The Mole et Ernesto Ferreyra. Ces deux morceaux sont le fruit de longues heures de jam et d’improvisation entre les 3 amis.
« Things Are Getting Up In The Grizzly Maze » tient son nom des péripéties vécu par les deux producteurs dans le grand nord Canadien. Le son est plutôt minimaliste et rythmé, il regroupe une bassline rebondissante ainsi que des couinements aigus inscrits dans la rythmique, le tout ponctué de quelques vocaux graves qui parfois semblent être des grognements. 12 minutes pendant lesquelles les deux producteurs alternent entre moments de suspense et d’intensité, et passages plus calmes où les sonorités sont moins stridentes.

L’autre face baptisée « She Said Paper Bags » ne dure pas moins de 26 minutes, un format assez rare de nos jours. The Mole et Ernesto Ferreyra nous racontent une véritable histoire et nous emmènent au cœur de la taïga canadienne. La structure du morceau est complètement inhabituelle et les changements d’ambiance nombreux ! Le début est plutôt froid caractérisé par une bassline acid, et une distorsion qui sera le fil conducteur du morceau. Puis vient une touche de House avec une mélodie presque funky (le zeste de Cadenza). Au bout de 8 minutes, le morceau change complètement de visage, une autre mélodie apparaît, le froid du grand nord canadien fait alors place à un instant chaleureux et onirique. On revient ensuite sur la solide base froide et acid qui introduit le morceau avec toujours plus de petits sons qui donnent alors un aspect minimaliste à l’œuvre. Les 7 dernières minutes concluent le tout, le morceau se termine alors sans kick, mais on retrouve la mélodie onirique ponctuée de quelques bruitages.

Pour conclure, deux morceaux plutôt déstabilisants, avec une structure inhabituelle, mais surtout deux véritables histoires finement composées où l’on passe d’une ambiance à son contraire très progressivement. On a hâte d’écouter Best Buds Vol. 2 !

Victor Tesson