Pour ceux ne connaissant pas le concept, Boiler Room propose depuis quelques années de pouvoir se connecter à un stream video live montrant en direct un DJ de face, mixant pour ceux connectés derrière leur écran, et quelques privilégiés (certains mettraient ici hipsters) faisant la fête derrière lui. Différents lieux ont pu l’accueillir, celle de Berlin se déroule dans le sous-sol de Stattbad Wedding, complexe magnifique qui fut autrefois une piscine municipale, et où l’on peut aujourd’hui trouver expositions, concerts, et donc un club.

Boiler Room Berlin #21 affichait un line up plus qu’alléchant. Ben Klock, le héros local, accompagné pour l’occasion de la nouvelle égérie d’Hugo Boss, Nina Kraviz, ainsi que des excellents Amir Alexander et Dor Levi. Après avoir reçu plusieurs demandes dans la journée pour savoir si je pouvais obtenir des invitations, je commençais déjà à m’inquiéter. Mais cette Boiler Room a su dépasser mes craintes.


Arrivés vers la fin du set d’Amir Alexander, au moment d’entrer dans Stattbad, un ami sort du vestiaire avec manteau et écharpe sur lui (Berlin/février/-5°). Surpris, je lui demande s’il s’en va déjà, ce à quoi il répond: “va voir l’attente !”.

Nous renonçons donc à déposer nos affaires pour commencer à descendre dans les entrailles du club, un videur nous interdit alors d’entrer (trop de monde), et nous fait passer dans d’étroits couloirs éclairés de lumière rouge, où la gigantesque tuyauterie est restée bien apparente. L’espèce de labyrinthe nous mène au bar situé de l’autre côté de la salle. À l’étage, quelques heureux détenteurs d’invitations sont finalement refusés, et obligés d’attendre que la salle se vide pour pouvoir entrer.


L’ambiance est cependant excellente, Amir Alexander est parfaitement bien lancé dans un set vraiment groovy de Chicago House. Le dancefloor plein à craquer semble quasiment impénétrable, et la chaleur monte encore d’un cran lorsque Nina Kraviz se lance dans un set de 75 minutes. Pour avoir entendu la Russe à de nombreuses reprises, je peux dire avoir été agréablement surpris par son set assez sombre et une sélection bien pensée. Son remix de Terraforming d’Octave One représente l’un des moments forts du set, et le public fut plus que conquis.


Cependant, Ben Klock se trouve aujourd’hui dans une autre dimension, et dès les premières notes et basses, la salle entière se trouve comme transportée par une nouvelle énergie. Que dire de ce set réalisé lors de cette Boiler Room Berlin ? Juste : incroyable. La qualité de l’enregistrement laisse peut-être un peu à désirer, mais nous ne pouvons que vous conseiller d’écouter ces 90 minutes de pur bonheur pour tout amateur de musique électronique. Profond, groovy, diablement efficace, Stattbad s’est enflammée pendant 90 minutes. Même s’il est toujours attendu, Ben Klock réussit systématiquement à impressionner.


L’ambiance survoltée a probablement poussé Nina Kraviz et Ben Klock à jouer les prolongations dans un intéressant back to back, pour l’une des Boiler Room les plus longues et les plus intenses s’étant déroulée à Berlin. La musique permet d’oublier bien des désagréments, et il était possible ce soir là de vraiment se laisser transporter. Cela, malgré les différents problèmes (comment mettre 300 personnes dans un espace prévu pour 200?), et ce si particulier public des Boiler Rooms.