Aiken a découvert la musique électronique à l’adolescence aux côtés de son frère et de quelques amis : « J’ai commencé à vraiment m’y intéresser après avoir entendu des sets d’Oscar Mulero et Richie Hawtin enregistrés sur une cassette. » Trop jeune pour pouvoir se rendre en club, il collectionne les flyers des soirées madrilènes qu’il collecte chaque week-end lorsqu’il se rend chez les disquaires pour écouter et acheter des disques. Son frère JLG achète des platines qui lui permettent de commencer à s’exercer. « Aujourd’hui c’est plus un hobby pour lui, mais il s’y remet peut-être un peu sérieusement et il sort un EP chez Dynamic Reflection en janvier sur lequel j’ai effectué un remix. »

Tout d’abord DJ, l’envie de produire lui vient progressivement ; au fil du temps, il achète du matériel sans devenir obsédé par son installation : « J’ai commencé avec l’ordinateur, en studio j’utilise un mélange entre digital et hardware, je cherche toujours un équilibre » explique-t-il.
Sa première sortie vinyle arrive en 2011 chez Semantica Records, le label de son compatriote Svreca dont il a attiré l’attention après une apparition sur le netlabel d’Exium.

Questionné sur la scène espagnole, il déclare être très proche de nombreux artistes dont Psyk qu’il vient de rejoindre chez Non Series. Il regrette cependant l’état de la techno à Madrid et en Espagne : « Il y a quelques années c’était mieux. Je pense que le problème majeur c’est que les jeunes ne s’intéressent pas vraiment à la techno. Je n’aime pas trop le terme underground, mais les jeunes s’intéressent plus aux trucs commerciaux genre Ibiza. Il n’y pas eu de renouvellement, et l’autre problème est le manque de clubs. Nous en avons deux avec des line ups de qualité chaque semaine, mais à mon avis une ville comme Madrid pourrait en avoir plus. J’ai vu Developer ici et nous n’étions qu’une vingtaine de participants. C’est difficile, ce n’est pas comme à Paris ou à Berlin. »

Il en va de même pour les disquaires qui autrefois fleurissaient et ont quasiment tous disparu. Il ne souhaite pas pour autant partir, et se sent heureux à Madrid où il a un emploi qui l’occupe à plein temps. De plus en plus actif sur le circuit en 2014, il ne ressent pas encore le besoin de ne mener qu’une carrière musicale : « Je n’ai pas peur mais la musique n’est pas quelque chose de régulier. Un jour tu es au sommet, un autre tu es tout en bas. C’est donc une décision difficile et j’aime combiner mon travail et la musique. Je ne ressens pas de pression par exemple, et je ne pense pas que j’aimerais devoir produire pour avoir des gigs. C’est une autre dimension quand tu en as besoin pour te nourrir et je ne sais pas si je suis prêt pour cela. On verra dans le futur, mais ce n’est pas un objectif. Je le fais car j’aime la musique. »

Malgré son emploi du temps, il ne manque pas de projets et espère pouvoir démarrer son propre label en 2015 : « Je souhaite avoir mon propre projet et pouvoir décider de tout, que ce soit graphiquement ou musicalement. Ce sera différent, comme prendre soin de son bébé. »

Amical, souriant, sa passion transpire dans chacun de nos échanges, et lorsque je qualifie sa carrière de musicien de vie parallèle, il précise :
« La musique est la plus grande histoire de ma vie, mes amis sont tous connectés à la musique d’une certaine façon. À mon avis la musique a déterminé le genre de personne que je suis, les endroits où je vais, les gens que je connais. La techno est une musique ouverte et j’ai reçu tellement grâce à elle, c’est presque un mode de vie. »

Chronicles of the Road (Aiken remix) sort le 26 janvier sur l’EP Traveller [Dynamic Reflection].
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Crédit photo : kNS
C.V.A