Si l’ombre avait une odeur, on le poursuivrait à la trace. Kermit Dee (Damien de son vrai prénom) est de ceux qui fuient les néons, les flashs photographiques et plus généralement toute forme d’exposition. Depuis 2008, lui et son acolyte Jim Strata pointent leur lampe torche sur ce qu’il y a de plus furtif en musique comme en art via leur webzine / collectif, « Jekyll et Hyde » . D’abord rédacteur, Damien collectionne aujourd’hui les différentes casquettes. Celle de la « nuit » dirons-nous, qui l’aura mené ces dernières années à l’organisation de fêtes en clubs, sur les pavés, en squats ou en lofts en invitant des artistes tels que Murat Tepeli, Trus’me, Jan Krueger, Tristen, Mano Le Tough, Eric Cloutier, Raoul K, Richard Zepezauer, Sven Weisemann et bien d’autres… A celle de jour, teintée de formes et de couleurs avec « J&HVision » , leur plate-forme dédiée à la valorisation des arts visuels – dimension indissociable de son travail.

Véritablement amoureux de l’art du Djing, ce « touche à tout » invétéré collectionne également les disques scélérats, pressages limités et éditions importées d’Europe de l’Est. Que ce soit aux platines de la Machine du Moulin Rouge, de la Java, de Solidays ou de son Bunker105; ses sets restent fidèles à l’esprit street de Jekyll et Hyde. Instable, provocant et sensible, il se confesse au deck comme un génie des rues. Et là, c’est dans les boucles vaporeuses et pénétrantes qu’il trouve l’apaisement. Lentement, il instaure la confiance entre lui et le public qui le suivra jusqu’au lever du soleil, attiré par cet noirceur troublante et brute qui l’entoure.

Sina