Sous l’alias E.N.E se cachent deux activistes de la scène parisienne, Elliot et Ethel qui signent leur première collaboration sur le label Fragil Musique.

Elliot Sindall, est avant tout graphiste en plus d’être la moitié de Jäfar. En 2014 et 2015 il réalise des artworks pour deux sorties du label parisien Te Iubesc tenu par Dawidu. Au même moment il co-fonde le label Discours avec Oswaldo Nicoletti , sur lequel il sort un EP minimal du duo roumain TC Studio et un autre plus housy du prolifique anglais Tommy Vicari Jnr. Le dernier date du printemps 2017 et est produit par les deux DJ et producteurs de Francfort Jacob Chenaux et Martyné, connus pour leurs sorties sur Traffic Records. Elliot Sindall passe à son tour derrière les machines, toujours en duo avec Oswaldo Nicoletti sous l’alias Jäfar, ils signent deux EP sur Fragil Musique.

D’origine franco-espagnole, Ethel fait partie de l’écurie 100% féminine RA+RE Records, qui partage sa vision du minimalisme à travers des sorties vinyles et des collections de vêtements. Ethel s’est forgée une réputation de DJ en duo avec Melody grâce à leur résidence au Breakfast Club, les afters dominicaux parisiens du Café Barge qui ont vu passer Max Vaahs, Andrew James Gustav, Laurine ou Onur Özer. Au côté d’Elliot, elle débute sa carrière de productrice avec cette 22ème sortie du label Fragil dont la sortie est prévue pour le 20 juillet.

L’opus démarre avec le morceau “Luv”. Très progressif, il commence par des infrabasses ponctuées de samples vocaux donnant un aspect mystérieux. Les samples laissent place à un kick breaké donnant le tempo très lent du morceau. Peu à peu la rythmique s’impose comme l’élément central du morceau, elle nous sort de l’atmosphère abyssale et apporte du groove.

“ASHFORD 220317” est dans un autre registre que Luv. Plus rapide, la rythmique saccadée et le snare apportent des sonorités typiques du garage. Très UK, ce track a tout de même un côté micro affirmé, que l’on retrouve grâce aux samples vocaux aussi utilisés ici. Quelques cuts coupent le beat tonique pour mieux le faire reprendre. S’il n’est pas voué à retourner un dancefloor, ce genre de son peut faire son effet dans un set, en permettant de casser le cycle grâce à une rythmique singulière et soutenue.

La face B commence avec “10h03”, track le plus puissant de l’EP. Dès le début, un beat breakée costaud annonce la couleur. Alors que le kick prononcé et les accords au synthé donnent un aspect dubby au morceau, à deux reprises des vocaux enfantins marquent une coupure, apportant la touche hip-hop qu’il faut au morceau.

Le disque se conclut avec “Velvet Rope v2”, la tension redescend. Comme dans les autres morceaux, on retrouve de nombreux samples vocaux féminins et micro-samples organiques qui instaurent cette fois une atmosphère nébuleuse. Le clap intense et le synthé, là aussi dubby, nous accompagnent du début à la fin. Quelques notes de guitares, floutées par des effets, s’affirment à la moitié du track puis se tamisent à nouveau.

Une fois de plus Fragil montre une capacité certaine à innover et se renouveler dans ses sorties, toutes très différentes. Cette dernière ne ressemble à aucune autre et augure un avenir prometteur au nouveau duo E.N.E, capable de mêler des sonorités issues de plusieurs genres dans un ensemble plutôt minimaliste.

INTERVIEW

Salut Ethel et Elliot, Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur E.N.E et la signification de ces initiales ?

C’est un acronyme avec nos initiales respectives traduit littéralement par Elliot&Ethel.

Un maxi va sortir sur Fragil, avez-vous eu une approche spécifique dans sa conception ?

La conception s’est étalée sur un peu plus d’un an au cours de sessions nocturnes entre Montreuil et Neukolln. Le fait qu’on soit intimes à donné cette texture un peu luxurieuse. Evoluant tous les deux dans le domaine des arts visuels, il y a une forte inspiration cinématographique. Nous avons même utilisé de véritables prises de son captées sur des tournages professionnels à Rome et à Paris.

D’ailleurs vous semblez avoir une relation assez particulière avec Raphael, comment vous êtes-vous rencontrés ?

On a rencontré Raphael grâce à un ami proche sous une arche de Londres lors d’une fête assez mémorable. Nous avons depuis développé les mêmes goûts musicaux et sommes devenus amis. Depuis 2016 sur plusieurs numéros, il nous a encouragé à développer et diffuser un peu de notre univers chez Fragil.

Cette collaboration aura-t-elle une suite ?

On habite maintenant ensemble donc il y aura encore de nombreux moments pour faire de la musique. Pour les sorties, on verra ça en temps et en heure.

D’autres sorties prévues ?

Elliot : Oui sur d’autres alias, notamment mon projet Jäfar avec Oswaldo.

Ethel : Pas pour l’instant.

Qu’avez-vous apprécié dans le fait de produire à deux ?

Nous avons été très complémentaires ce qui a aidé à amener des éléments et des points de vue différents dans la production. Ethel est Dj, elle a une approche plus actuelle et visualise tout de suite le morceau dans un endroit. Elliot, loin des dancefloors, crée sur le moment et suit son intuition.

Aviez-vous déjà travaillé avec d’autres artistes ?

Ethel : C’est ma première sortie donc non à part Elliot personne d’autre !

Elliot : Sur d’autres alias avec plusieurs de mes amis.

Quelles sont vos plus grandes sources d’inspiration ?

Nos amis, la musique éclectique, les souvenirs et les films.

Avez-vous d’autres projets ?

Ethel : Continuer de mixer avec Melody, ma moitié derrière les platines, et mes amies Rohmi et Abi avec qui nous collaborrons pour le projet Ra+Re.

Elliot : Co-founder du label français « Discours », nous sortons des artistes européens sur vinyle. Les autres alias/collabs sont pour l’instant Jäfar, Seura et beaucoup plus vieux : Unconnue.

 

Victor Tesson & Moussa